interessant, mais rien de tres nouveau.
le krav est efficace, parmi d'autres systemes, mais c'est le pratiquant qui fait la difference.
ce qui me chagrine en krav, ce sont les querelles de fédé: les pratiquants passent plus de temps à casser la fédé concurrentes plutot que s'entrainer. chacun pense suivre la methode des commandos tacticool de la mort
shut up & train lol
sinon, un article qui change lu dernierement, pour la culture perso
Auteur et historien Noah Gross partage avec nous l’histoire des forces israélienne pendant et après la Seconde guerre mondiale. Nous nous plongeons aussi dans la métamorphose de KAPAP en Krav Maga pendant les années 1950 et découvrons la vérité sur la manière dont Krav Maga est venue à l’existence : ce n’est pas ce que l’on croit d’habitude…
Interview publié en anglais par
http://www.kapapworcester.co.uk/KAPAP/The_History_of_Israeli_Martial_Arts/Entries/2010/7/13_Noah_Gross.html Kapap, la Seconde guerre mondiale et la véritable histoire du Krav Maga
L’histoire des arts martiaux israéliens s’est déformée au fil du temps, et quand on regarde de nombreux sites des organisations, l’on croirait qu’elles commencèrent toutes dans les années 1950 et qu’elles furent l’invention d’un seul homme. KAPAP Worcester s’engage à répandre la vraie version de l’histoire. Notre philosophie est celle-ci : cela se passa vraiment, et nous la présenterons telle qu’elle était, non afin de promouvoir un système ou une organisation, mais afin d’honorer les hommes et les femmes qui combattirent pour leur pays, les uns pour les autres, pour leurs croyances, pour leur famille et pour leur maison.
Noah Gross, auteur, historien et fidèle ami de la vraie recherche a aimablement répondu à quelques unes de nos questions concernant les rôles du Palmach, la Haganah et Pal-Yam pendant la Seconde guerre mondiale, et entre aussi dans beaucoup de détail pour expliquer comment le KAPAP historique est lentement devenu ce que l’on appelle, à travers le monde, Krav Maga.
D’abord, pouvez-vous nous parler un peu de vous-même et de votre écriture ?
Eh bien, d’accord, j’ai quarante-deux ans et j’ai grandi en Israël. Je pratiquais les arts martiaux de manière intermittente depuis l’âge de six ans, jusqu’à mon service militaire obligatoire dans Tsahal. Pendant mon service avec les parachutistes, j’ai servi dans la zone de sécurité au Liban et en Cisjordanie et Gaza pendant le premier intifada. Après mon service militaire, je suis retourné aux art martiaux et j’ai décidé de me concentrer sur le Ninjitsu, prenant l’engagement de m’y consacrer jusqu’à ce que j’aurais obtenu la ceinture noire et puis cinquième dan. Peu après, je me suis installé aux États-Unis et ai poursuivi mes études du Bujinkan Ninjutsu auprès de Mark Davis.
Je suis retourné en Israël en 1996, où j’ai continué à m’entraîner au Ninjutsu et ai fini par passer l’épreuve pour mon cinquième dan en 1999, au Royaume Uni. C’était une année charnière pour moi ; c’était l’année où j’ai rencontré Maishel Hurwitz, qui avait développé la méthode de combat au bâton court en 1941.
À présent, je suis co-fondateur de ACT (Armed Combat and Tactics), un système de combat rapproché et armé développé par Alexander Zhelelzniak.
Comment votre intérêt pour l’histoire des arts martiaux en Israël a-t-il commencé, et quelle était la découverte la plus importante pour vous quand vous faisiez des recherchez dans les archives, pour vos livres ?
Cela s’est produit par le biais de mon professeur de Ninjutsu, Moti Native. Nous sommes allés ensemble pour rencontrer Maishel et faire un entretien avec lui. Pendant cette rencontre, j’étais frappé par deux choses, la première était la simplicité et le charme de ce vieil homme de quatre-vingts ans à l’esprit clair et en pleine forme. La deuxième chose qui est restée dans mon esprit et me travaillait était le fait que Maishel m’avait montré un petit livre rouge intitulé La Méthode d’autodéfense avec la canne par R. Lang. Il m’a raconté ensuite que l’on avait appris cette méthode à partir de ce livre, et qu’on l’avait intégrée à l’entraînement du combat rapproché de la Haganah. Il a dit que c’était un système indien et m’a donné une photocopie de la traduction du livre.
J’ai commencé à chercher sur l’internet, afin d’en apprendre davantage. À l’époque, l’internet était loin d’être aussi développé qu’aujourd’hui, mais j’ai réussi à tomber sur la Savate et la Canne. Cette découverte a ensuite conduit à la découverte qu’il y avait tout un patrimoine des arts martiaux occidentaux, dans lesquels je me suis impliqué en 2000 auprès de ARMA. À ce stade, je voulais vraiment apprendre davantage sur ce qui s’était passé ici en Israël dans les années 1940, et j’ai commencé à me documenter sur le sujet. De plus en plus de questions se sont présentées. J’ai donc décidé d’appeler Maishel et de voir s’il accepterait de me rencontrer à nouveau. Il a répondu positivement et c’était le début d’une relation qui a duré dix années, jusqu’à son décès en décembre 2009. Ma recherche a changé d’objet plusieurs fois au cours de ce temps, mais elle est restée centrée sur le combat rapproché, avec des méthodes de combat au bâton comme intérêt principal.
Beaucoup de découvertes ont été importantes pour moi, et je suis certain que d’autres vont faire surface. Quand on fait de la recherche sur un sujet sur lequel il n’existe aucun travail spécifique par rapport auquel on puisse se repérer, il faut rassembler les pièces d’un puzzle, en sorte que l’on essaie constamment de deviner à quoi ressemble l’image d’ensemble. Afin d’imaginer cela, il faut savoir la question que je me suis posée. Je ne cessais de me demander : qu’est-ce qui a amené la formulation d’un système de combat au bâton en 1940 ? Que s’est-il passé, pour que ce soit possible ? Comment cela s’est-il produit et pourquoi a-t-il disparu ? J’avais supposé que le système de combat au bâton court avait en fait disparu, et qu’ensuite le Krav Maga a apparu. Vous imaginez mon étonnement quand j’ai découvert que ce n’était pas le cas !
Dans un certain sens, c’était une découverte très tardive, qui a été confirmé sans doute possible seulement il y a deux ans.
J’ai aussi été étonné de découvrir que jusqu’à présent, il n’existe aucune preuve de l’existence d’un département de Krav Maga dans Tsahal avant 1956, et même, peut-être, 1958. Cela ne signifie pas que le Krav Maga n’existait pas, mais il n’existait pas encore de département spécialisé. Une autre découvert qui me fascine à ce jour, est qu’il y avait des professeurs de Jujutsu en Israël dès 1920, et des personnes qui enseignaient une forme de combat au bâton ou à la canne dès 1890.
Je dirais que la découverte la plus controversé que j’ai faite, et qui m’a rendu confiant au sujet de mon analyse du matériel, est la preuve incontestable que Krav Maga et KAPA sont ou, du moins, ils étaient identiques pendant de longues années. Ce que cela signifie est que pendant presque une décennie, de 1948 à 1958, les méthodes enseignées dans Tsahal dans l’entraînement au combat rapproché étaient les mêmes que ce que l’on enseignait dans le Palmach et la Haganah. Initialement, le seule changement portait sur le nom puis, progressivement comme on peut le supposer avec le temps, le contenu a changé à cause des besoins de l’armée, et pour aucune autre raison. Cela signifie qu’il n’existait aucune invention de Krav Maga, mais plutôt un déplacement très lent et progressif du nom.
Concernant le développement du Palmach, Pal-Yam et la Haganah, comment leur rôles ont-ils divergé durant les années pendant lesquelles ils ont été opérationnels ?
Voici un lien au musée officiel et au centre d’information des archives du Palmach.
Là, vous trouverez de nombreuses réponses aux questions portant sur le Palmach. Bien que cette version ne soit pas aussi extensive que celle en hébreu, et qu’il souffre par endroits d’une traduction médiocre, elle répond bien à la plupart des questions concernant la structure, la philosophie et l’entraînement.
Je vais essayer d’adresser certaines des questions, en supposant que l’on a fait un travail préalable de préparation, et qu’on s’est documenté sur le sujet. Voici donc :
Le Palmach (Plougot Ma’hatz) était une branche de la Haganah, qui jouissait d’une grande autonomie. Naturellement, il y avait des différences d’opinion quant à son identité, et des luttes de pouvoir entre certains membres du commandement de la Haganah et celui du Palmach. La stratégie du combat rapproché du Palmach était fondée sur des concepts de la guérilla et des unités de commando. Les membres de la Haganah avaient eu beaucoup d’expérience pendant le soulèvement arabe de 1936-1939, dans diverses unités comme la Police des Implantations juives, « Ha-Nodedet » (une unité mobile utilisant des camions) et « Foush » (Plougot Sadeh : unités des champs), des escadrons spéciaux de nuit. Le savoir acquis a été alors testé et développé au moyen de l’entraînement et l’application par le Palmach, et profondément influencé par les conditions propres à une force clandestine, disposant d’un maigre financement. La force militaire principale de la Haganah, en dehors du Palmach, était le « ‘Hish » (‘Heil ha-Sadeh : force des champs) ; ils avaient eu un entraînement dans le maniement des fusils et des pistolets, la reconnaissance et KAPAP. Ils s’occupaient de la sécurité des implantations et des villes, et ils fonctionnaient comme une unité de réserve.
La grande différence entre ces deux forces était dans la visée et dans l’entraînement : l’une était orientée par une approche plus défensive, et organisée comme une armée conventionnelle, tandis que l’autre était formée comme une unité de commando d’élite.
Il est important de noter que le Palmach ne pouvait pas lever des fonds pour les besoins d’entraînement et subsistance de ses membres ; ces derniers devaient donc vivre dans des kibboutzim à travers le pays, et travailler pour vivre. Cela signifie qu’en réalité, les membres du Palmach, même s’ils appartenaient à une force permanente, ne pouvaient pas s’entraîner tous les jours, et ils passaient trois semaines de chaque mois à travailler au kibboutz. Cela limitait l’entraînement à une semaine par mois, et à quelques soirées pendant la semaine. Quand on prend cela en compte, on doit reconnaître que le niveau de compétence qu’ils ont atteinte est impressionnante.
Le 29 novembre 9147, après la résolution de l’ONU sur la partition de la Palestine en deux États, la guerre éclata. À l’époque, il y avait 3,000 membre du Palmach et 10,000 membres du ’Hish. La seule force permanente prête à combattre du côté des Juifs était le Palmach. Bien sûr, les membres du ’Hish et deux de la police des implantations ont participé aussi, mais c’est le Palmach qui a mené les combats. Progressivement, pendant la guerre, la Haganah a organisé et a mobilisé davantage de ses troupes. La déclaration d’indépendance et la fin du mandat britannique en mai 1948, et la formation de Tsahal quelques jours plus tard, ont changé le jeu pour le Palmach. Peu après, le Palmach a été dissout et ses membres ont intégré Tsahal.
Pal-Yam était la force navale du Palmach, et il a servi à fonder la marine de Tsahal. De manière analogue, les autres unités spécialisées ont servi à fonder les forces de Tsahal. Il y avait une unité « allemande », une unité « arabe », et l’amorce d’une armée de l’air. Sur les sites officiels du Krav Maga, on cite souvent Imi Lichtenfeld (fondateur du Krav Maga civil) comme l’entraîneur du Pal-Yam dans le combat rapproché. Si on ne connaissait pas l’histoire du KAPAP, on aurait l’impression qu’Imi était un professeur indépendant, qui enseignait son système à cette unité spéciale. Or, il était un professeur de KAPAP, assigné au Pal-Yam par ses commandants dans le Palmach.
Est-ce que le Palmach et la Haganah travaillaient de manière indépendante, ou en tant qu’unités conjointes ?
Le Palmach travaillait indépendamment, mais il était directement lié à la Haganah. Quand le quartier général de la Haganah décidait de faire quelque chose, c’était le Palmach qui l’exécutait. On peut trouver des exemples dans les activités pendant la Saison (de l’expression « saison de chasse »). Ce terme désigne la période pendant laquelle la Haganah avait décidé de « combattre » les organisations clandestines dissidentes le Etzel (Irgoun) et le Lé’hi. Dans cette compagne, les membres du Palmach étaient entraînés dans le KAPAP et envoyés dans de petites unités pour pister, enlever, et bien souvent livrer des membres des mouvements clandestins dissidents à la police secrète britannique.
On peut trouver un autre exemple dans l’initiative prise en 1945 de combattre les forces du Mandat britannique conjointement avec les mouvements clandestins dissidents. On appelait cette campagne « les forces de rébellion ». La Haganah utilisait les forces du Palmach pour faire exploser des ponts, attaquer des postes de police et des quartiers généraux militaires, et pour faire des descentes dans des dépôts de munitions. La Haganah s’est retirée du mouvement après l’attaque de l’Hôtel King David à Jérusalem par le Lé’hi. Souvent les membres du Palmach étaient détachés en tant qu’instructeurs à diverses unités de la Haganah, y compris le mouvement de jeunesse de la Haganah, Gadna’.
Quel type d’engagements le Palmach a-t-il eu avec les forces de l’Axe durant la Seconde guerre mondiale ? S’agissait-il essentiellement de guérilla et d’attaques stratégiques, ou bien de véritables batailles ?
Je ne peux répondre à cette question complètement, je ne m’y connais pas suffisamment dans ce domaine. Les membres du Palmach participaient aux activités souterraines en Syrie et au Liban (pendant quelques semaines) aux côtés des Britanniques, essentiellement dans des missions de reconnaissance, préparant la voie pour les forces d’invasion britanniques. Ils y ont participé à l’action, et c’est dans ces circonstances que Mosheh Dayant a perdu son œil.
Une autre force dans laquelle quelques membres du Palmach ont participé était aussi active dans le désert africain pendant la campagne contre le général Rommel. La force était commandée par le capitaine Herbert Cecil A. Buck, et on l’appelait le Special Interrogation Group ou S.I.G. (« groupe spécial d’interrogatoire »). Plusieurs membres de l’unité allemande du Palmach ont été détachés pour y participer ; parmi eux, Karl Kahane, un Juif allemand, vétéran de la Grande guerre. Après la guerre d’indépendance, Kahane est devenu un officier dans les parachutistes de Tsahal et était une figure légendaire pendant de longues années.
Autrement, des dizaines de milliers de Juifs de Palestine se sont enrôlés dans l’armée britannique pendant la Seconde Guerre mondiale, et beaucoup ont combattu en Europe.
Quand leur rôle a-t-il changé d’une activité de guérilla à celle des fonctions militaires officielles ?
La guerre d’indépendance a éclaté en 1947, et la déclaration d’indépendance et la fin du mandat britannique a conduit à l’invasion par les armées arabes, et à la guerre ouverte. Tsahal a été formé, avec le commandement et les troupes de la Haganah formant l’essentiel de l’effectif. Initialement, le commandement du Palmach fonctionnait toujours séparément, mais en coordination avec Tsahal. Il a bientôt été dissout et intégré, comme l’ont été aussi le Etzel (Irgoun) et le Lé’hi. C’était un événement traumatisant pour les membres du Palmach, qui se targuaient d’appartenir à cette force spéciale. Le changement de la guérilla à un corps militaire a eu lieu lors du début des combats en 1947, puisque le Palmach était, au fond, la seule force militaire permanente dont la Haganah disposait à l’époque.
Quelle serait la leçon la plus précieuse que l’on pourrait tirer de l’Histoire, concernant KAPAP et les unités qui le pratiquaient ?
KAPAP a joué un rôle très mineur dans le déroulement de l’ensemble des événements, mais à l’époque, il était encore extrêmement important. C’était grâce à l’entraînement au KAPAP que les membres du Palmach ont trouvé du courage et sont devenus des guerriers. Bien sûr, dans des cas où il fallait des techniques de combat rapproché, il s’est montré utile, même si c’était relativement rare, de la même manière qu’il l’est aujourd’hui sur le champ de bataille. Il y a eu beaucoup d’opérations réussies conduites par le Palmach, à la fois en tant qu’unités de commando et en tant que forces militaires après et pendant la guerre d’indépendance. Je ne suis pas un expert dans ce domaine du savoir concernant les opérations, je ne peux donc en faire une analyse détaillée.
Combien l’entraînement reçu auprès des Britanniques dans le combat avec les Fairburn et Sykes a-t-il influencé cette version primitive de KAPAP, tel qu’on le pratiquait à ce stade ?
Je n’ai pas encore trouvé de preuves indiquant que cet entraînement dans le combat rapproché avait été reçu de la part des forces britanniques, sauf pour l’utilisation rudimentaire du couteau et de la baïonnette. À cet égard, le KAPAP manifeste très peu d’influence britannique, contrairement à d’autres aspects de la doctrine militaire et les techniques enseignées dans la Haganah, le Palmach et plus tard, dans Tsahal.
Pouvez-vous nous dire en quoi consistait l’entraînement quotidien pour un soldat qui se formait au KAPAP et en quoi consistait le programme ?
Encore une fois, on peu en trouver des éléments sur le site du Palmach.
Pendant une semaine d’entraînement, chaque mois, les membres du Palmach s’entraînaient dans des exercices physiques, comme l’escalade des bâtiments, la course en portant l’équipement et le passage d’obstacles, le combat rapproché, beaucoup de reconnaissance, le maniement de fusils et d’explosifs, et le combat en groupe. On passait beaucoup de temps à faire de la reconnaissance dans les environs, pour en avoir une connaissance intime, à dresser des cartes des villages arabes de la région et à les étudier.
Il y avait très peu de munitions pour l’entraînement, et le danger de se faire attraper avec un fusil était constant : on était passible de la peine de mort ou, au moins, on risquait d’être emprisonné pendant très longtemps. Par conséquent, pour la plupart du temps, ils se déplaçaient armés de bâtons et grenades cachées ou de pistolets. La capacité à se défendre seul ou en petites unités était cruciale. Le combat rapproché et surtout le combat avec un bâton inspiraient le courage. De longues randonnées étaient courantes, et essentielles pour atteindre les cibles.
À quel moment le KAPAP a-t-il commencé à devenir le Krav Maga, et qui y était impliqué à ce stade ? Pouvez-vous décrire cette évolution, dans un cadre temporel année par année, et ce qui, du programme de KAPAP, a été abandonné avec le passage du temps ?
Là, c’est la vraie question : j’ai quelque chose à dire sur ce point. Le terme KAPAP apparaît pour la première fois en 1940 ; jusqu’alors, on appelait le combat rapproché « sport d’autodéfense ». Le changement dans la terminologie, d’une perspective défensive à celle de combat, est manifeste dans la transition vers l’utilisation de KAPAP : Krav panim el panim, qui se traduit comme « combat face à face », c’est-à-dire rapproché. On peut le comprendre à la lumière du soulèvement arabe qui a provoqué une transformation de la Haganah, qui était une force militaire clandestine, la poussant à devenir plutôt une armée, au lieu d’une milice civile de défense.
KAPAP était un acronyme pour les méthodes de combat rapproché enseignées dans la Haganah, et dans les unités et mouvements de jeunesse qui lui étaient affiliés. Parmi les méthodes, on trouvait le combat avec le bâton long et court, le couteau, la boxe, le jujutsu, le jet de pierres et la baïonnette. Le programme s’est développé avec le temps, et on peut en reconnaître plusieurs personnalités clefs dans la mesure où ils y ont contribué des méthodes spécifiques.
– Gershon Kopler était instructeur chef du jujutsu de 1935 à 1942, quand il a été tué en action, au cours d’une mission de sabotage de la part des forces britanniques.
– Après la mort de Kopler, Maishel Hurwitz a pris la relève pendant deux mois, jusqu’à ce que Yehuda Markus a été invité à prendre la place de Kopler, en tant qu’instructeur chef du jujutsu. Il a occupé cette position jusqu’à ce qu’il a été tué par une balle perdue en 1947, dans une base d’entraînement.
– Meïr Rabinovitz « Batz » semble avoir été la source principale des techniques de combat au couteau, qu’il avait apprises dans l’armée britannique. Ce matériel a été modifié et développé par de nombreuses personnes. Maishel Hurwitz a développé la méthode de combat au bâton court, et l’instructeur en chef pour les méthodes du bâton court et de la canne.
– Le travail à la baïonnette était cent pour cent britannique. Cette technique a reçu le moins d’entraînement pour des raisons pratiques, principalement à cause du manque de fusils. Le jet de pierres a été enseigné par Menashe Harel et avait le moins de retentissement parmi les combattants, contrairement au bâton et au jujutsu.
– Yitzhak Stibel était instructeur chef de la boxe de 1935 jusqu’au milieu des années 1950.
Il est important de comprendre que l’une des principales manières de disséminer les connaissances et les compétences dans le combat rapproché était en formant beaucoup d’instructeurs pour qu’ils puissent faire le travail « à domicile » dans chaque unité. Donc oui, il y avait des instructeurs chefs qui dispensaient des cours, mais beaucoup d’instructeurs travaillaient au sein des unités de la Haganah et du Palmach. Puisque le Palmach était une force permanente, le plus proche d’une armée que la Haganah pouvait créer à cette époque, il était tout à fait naturel que les instructeurs et les membres testent le matériel qu’on leur enseignait. La première génération d’instructeurs et de membres l’ont fait de manière intensive avec le matériel du KAPAP. Cette attitude, qui consistait à mettre les choses à l’épreuve, au lieu de les enseigner telles qu’on les transmettait, a continué dans les unités. Le Palmach a poussé ces méthodes plus loin, en tant que partie de l’entraînement de ses unités, et ils y ont passé plus de temps que n’importe quelle autre unité ou force dans la Haganah.
Quand on a formé Tsahal, et que l’on y a intégré le Palmach, on a incorporé aussi de nombreux instructeurs du combat rapproché issus du Palmach. On a fondé un service pour l’entraînement physique, dirigé par Mosch Pinkel Zohar qui, jusqu’alors, avait été l’instructeur en chef de l’entraînement du Palmach. On a créé une école de formation, en tant que partie du service, et elle a été commandée par Mayron Avramson et, initialement, il y avait huit instructeur incorporés dans le service de l’école. Dans l’école, on a donné, de manière régulière, des cours pour des instructeurs sportifs ; et dans ces cours, on a fait beaucoup d’entraînement dans le combat rapproché. On l’appelait le KAPAP, et c’était le même matériel que l’on avait enseigné dans le Palmach, enseigné par les mêmes instructeurs, seulement maintenant, c’était au sein de Tsahal.
Très tôt, un nouveau terme a apparu sur les documents officiels : Krav Maga — traduction : « combat de contact » ou, en d’autres mots, combat rapproché. Le KAPAP et le Krav Maga étaient tous deux les termes utilisés pour désigner le même matériel pendant une grande partie des années 1950. Naturellement, avec le passage du temps, selon un processus naturel, on a fait des changements et des ajustements au programme dans son ensemble et à des techniques spécifiques ; cependant, à aucun moment on n’a remplacé l’un par l’autre ; on n’a pas réalisé de transformation majeure ou de révision du matériel. Dans leur essence, KAPAP et Krav Maga, d’un point de vue pratique, étaient identiques dans les années 1950.
L’un des huit instructeurs était Imi Lichtenfeld : un instructeur du Palmach bien respecté et talentueux, et un bon ami personnel de Moshe Pinkel Zohar, qui l’avait amené au Palmach, puis à Tsahal. Imi est resté, pendant que d’autres sont partis et ont été remplacés, et il est devenu l’instructeur chef, et l’autorité pour l’entraînement du KAPAP dans Tsahal. À la fin des années 1950, le terme KAPAP était tombé en désuétude, et avait été presque complètement remplacé par le terme Krav Maga. Ce n’était pas un événement majeur ; personne ne se sent offensé ou touché par cela, et personne ne se sent blessé ou privé de leur place dans l’Histoire. Ce n’était pas un événement mais plutôt un processus lent et progressif qui n’intéresse personne ; c’est simplement ainsi.
Au milieu des années 1950, Imi était reconnu dans l’armée comme l’autorité pour le combat rapproché, et il était respecté et admiré. Krav Maga était le terme courant pour désigner ce qu’il enseignait, mais en aucune circonstance ce n’était son « invention ». Au début des années 1950, Imi a pris sa retraite et il a ouvert une école de Krav Maga civil, et ce même jour, il a enseigné ce qu’on appelait Krav Maga, mais qui n’était en rien différent du KAPAP. Il est vrai que, à la suite de son enseignement du combat rapproché dans le Palmach et puis dans Tsahal pendant vingt ans, il a laissé sa marque sur les techniques et le programme. C’est indéniable, et il n’y a aucune nécessité de le dénier. Il y a des termes et des concepts que l’on peut relier à Imi, comme la défense à 360 degrés, qui semble avoir été formulée à la fin des années 1950 et documentée aux alentours de1960. L’adaptation du Krav Maga militaire à la sphère civile a ouvert une nouvelle ère dans la vie du Krav Maga, et a causé l’éradication de la mémoire du KAPAP, tel qu’on le pratiquait dans les forces armées.